Bédora et Compagnie est une scierie traditionnelle dans le sciage du pin maritime depuis 1922. L’entreprise emploie aujourd’hui 8 salariés. La famille Bédora l’a fondée et en a assuré la gestion pendant trois générations, avant que Frédéric Léonard ne la reprenne en 2018. À la tête de cette scierie centenaire, Frédéric Léonard met en avant les actions concrètes qui rendent son entreprise moderne et responsable.

Frédéric Léonard, vous affirmez clairement votre engagement en faveur de toute initiative de protection de l’environnement.

Avez-vous mis en place des mesures spécifiques chez Bédora ?

F. Léonard : Oui, bien entendu ! On a une réserve d’eau qui nous permet de récupérer les eaux qui ruissellent sur nos bâtiments, cette réserve, nous nous en servons dans notre processus de production, mais ce peut-être également une réserve utile pour la défense contre les incendies. Depuis 2018, nous avons mis en place un système de bâches qui canalise l’eau dans des cuves IBC de 1000 litres. Nous nous en servons ensuite pour alimenter nos bacs de trempage. Que ce soit l’hiver ou l’été on a un peu d’évaporation. Selon les périodes de « très froid » ou de « très chaud », on rajoute de l’eau.

Cette réserve n’est pas un énorme apport en soi, mais c’est un raisonnement de bons sens, on est une scierie, on utilise du bois local géré durablement avec des certifications. Une fois le bois arrivé à la scierie, nous veillons à tout valoriser, un peu comme dans l’expression : « du cochon, tout est bon » (rires).

Bédora et Compagnie est située à Pomarez dans les Landes. Son approvisionnement est local, achats de bois sur pied auprès des propriétaires sylviculteurs et bord de route avec les exploitants forestiers. Elle vend son bois sur l’ensemble du territoire français ainsi qu’à l’export comme l’Europe (exemple : Espagne…). Les bois exploités sont issus de forêts privées et publiques qui sont gérées durablement et certifiées PEFC (parfois FSC = Forest Stewardship Council).
Cela veut dire que l’environnement est respecté et qu’une fois les bois coupés, les parcelles forestières sont reboisées.

À NOTER : Depuis 2018, Frédéric Léonard a racheté quatre entreprises du bois, dont deux sociétés centenaires, la scierie Bedora à Pomarez et Bois Imprégnés à Mées et créé, à partir de rachats également, Palettes Landes Chalosse à Misson et Scierie de la Grande Lande Ygos-Saint-Saturnin.

Une question de « bon sens » avec peu d’investissements en somme ?

F.L : Oui, c’est exactement ça. Dans la scierie, les bacs de trempage nous servent à améliorer la conservation du bois. Nous n’ajoutons que 3% de produits de traitement, le reste c’est de l’eau. Depuis toujours, nous avions l’habitude d’allumer les robinets et de remplir les bacs, ce n’est pas une grosse consommation, mais tant qu’à faire, autant économiser un peu ! Donc nos gouttières nous servent à récupérer l’eau pour l’utiliser pour nos bacs de trempage.

Vous avez mis d’autres types de solutions en place ?

F.L : Oui, pour l’électricité ! En 2022 nous avons fêté les 100 ans de la scierie. Quand je l’ai reprise, j’avais pour objectif de la transformer. On a construit deux hangars avec du photovoltaïque sur les toitures. Ces hangars sont fonctionnels depuis janvier 2023. Pendant 6 mois de l’année, nous sommes en autosuffisance énergétique.

Quand vous dites “tout doit être récupéré”, cela concerne-t-il l’ensemble de la chaîne de production ?

F.L : De bout en bout ! On sèche une partie de notre bois naturellement. Quand un rondin arrive, nous le scions. Nous utilisons la moitié pour fabriquer des planches. L’autre moitié donne de l’écorce, de la sciure et des chutes de bois que nous ne transformons pas en planches. Nous valorisons tous ces sous-produits dans différentes filières industrielles. Cette utilisation intégrale de la matière, combinée à notre autosuffisance énergétique, donne un modèle de production respectueux de l’environnement. Ma scierie transforme du bois géré durablement.

La moitié de l’année, sa sources énergétique arrive du ciel par le solaire. Autant récupérer l’eau aussi, c’est faire preuve du bon sens. Dans une scierie on récupère tout dans le bois, autant récupérer tout ce qui tombe du ciel, la boucle est bouclée. Ma scierie a 100 ans, elle est âgée, mais je voulais montrer qu’elle était aussi moderne et responsable.